Il est maintenant admis que l’infection à SARS-CoV-2 pendant la grossesse est une source de morbidité non négligeable et que la grossesse est un facteur de risque de gravité, avec plus de risque de détresse respiratoire, d’hospitalisation en soins intensifs, d’intubation, et un risque de prématurité induite (1). Les femmes enceintes sont reconnues comme appartenant aux groupes à risque de formes graves par le HCSP et la HAS.
Dans ce contexte, bien qu’aucune étude sur l’efficacité et la tolérance de la vaccination n’ait eu lieu pendant la grossesse, il n’existe pas de raison a priori de penser que les femmes enceintes doivent être exclues des campagnes de vaccination. Les vaccins proposés ne sont pas des vaccins vivants atténués et n’ont pas de raison d’être contre-indiqués. Par ailleurs, des études chez l’animal n’ont pas montré d’effet tératogène, ni aucun effet sur la reproduction. La vaccination contre la grippe pendant la grossesse est largement répandue et les femmes enceintes sont inclues dans les campagnes nationales de vaccination antigrippale à leur plus grand profit. De même, la vaccination anti-coqueluche pendant la grossesse est largement recommandée dans le monde. Deux éditoriaux récents publiés par deux sociétés savantes américaines (2,3) sont un plaidoyer en faveur de la vaccination des femmes enceintes contre le SARS-CoV-2. La US Federal Drug and Food Administration a autorisé la vaccination des femmes enceintes. L’ACOG* et la SMFM** ont statué en considérant également les femmes enceintes comme candidates à la vaccination.
Ainsi, comme toute population à risque, les femmes enceintes ainsi que celles désirant concevoir, en particulier par aide médicale à la procréation, devraient se voir offrir la vaccination SARS-CoV-2 de manière prioritaire. C’est encore plus vrai en cas de facteur de risque surajouté comme le surpoids ou obésité, le diabète, l’hypertension ou une pathologie cardiaque notamment. Le principe de précaution invoqué par la HAS pour déconseiller la vaccination SARS-CoV-2 dans cette population risque de décrédibiliser sans raison la vaccination, et d’avoir un impact négatif fort sur la santé des femmes enceintes. Un consentement éclairé après information loyale sur les avantages et inconvénients de cette vaccination devra bien sûr être recueilli et les patientes vaccinées devront être suivies afin d’évaluer sa tolérance, comme pour tout autre patient.
CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français)
et GRIG (Groupe de Recherche contre les Infections pendant la Grossesse)