Pérennisation et généralisation des maisons de naissance

Les maisons de naissance sont actuellement autorisées à fonctionner dans le cadre d’une expérimentation nationale de 5 ans qui s’achèvera en novembre prochain. Le 18 février le Gouvernement a annoncé la pérennisation des huit maisons de naissance, dont Manala à Sélestat, et leur entrée dans le droit commun à la fin de cette période.

Rapport d’étude sur la qualité des soins prodigués en maisons de naissance en France


L’étude sur la qualité des soins prodigués en maisons de naissance a été réalisée et publiée en novembre 2019 par un groupe de recherche rassemblant des chercheures en santé publique affiliées à des institutions de recherche (Equipe Epopé – lnserm U1153/Université Paris Descartes et équipe SIGMA – Institut Pascal, CNRS, Clermont-Ferrand).

Résultats :

« Au total, 649 femmes ont été prises en charge en MDN au cours du travail pendant l’année 2018, 506 y ont effectivement accouché et 143 ont été transférées et ont accouché dans les maternités partenaires (22%). Les critères d’éligibilités des femmes pour accoucher en MDN ont été respectés dans plus de 99% des cas. Concernant l’efficacité des soins, l’étude montrait très peu d’interventions au cours du travail parmi les femmes ayant accouché en MDN : moins de 3% de rupture artificielle des membranes, moins de 2% d’épisiotomies et 90,5% d’accouchements par voie basse spontané, 6,5% par voie instrumentale et 3% de césarienne. A savoir que chez les femmes transférées, il a été observé 15% de césariennes.

Parmi les critères de sécurité, pour l’ensemble des femmes ayant été prises en charge en MDN quel que soit le lieu final d’accouchement, l’étude montrait 1,4% d’HPP sévères, 0,5% de déchirures périnéales des 3° et 4ème degrés et 0,4% de ré-hospitalisation dans le mois suivant l’accouchement. Les complications néonatales étaient très peu fréquentes avec 0,3% d’enfants avec une mauvaise adaptation à la vie extra-utérine à 5 minutes de vie et 1,7% d’enfants ayant nécessité des gestes de réanimation à la naissance. Un décès néonatal a été identifié (0,2% IC95%[0,0%- 0,9%]).

Au total, on identifiait 22% de transferts maternels pendant le travail, principalement hors contexte d’urgence, 6% de transferts de mères (pour HPP principalement) et 6% de transferts de nouveau-nés (principalement pour surveillance de situations à risque – risque infectieux, risque liés au poids ou à un ictère) dans la période post-natale ».

Préconisations :

  1. Établir des recommandations pour la pratique clinique (RPC) sur les critères d’éligibilité des femmes pour un accouchement en maisons de naissance.
  2. Établir des recommandations pour la pratique clinique (RPC) sur les critères de transferts des femmes et des nouveau-nés vers les maternités partenaires, que ce soit pendant la grossesse ou après l’accouchement vers les maternités partenaires.
  3. Ajuster les dispositions législatives et réglementaires pour permettre, à des fins de surveillance épidémiologique, d’enregistrer et d’identifier les accouchements en maisons de  naissance dans les bases de données médico-administratives, soit dans le programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI).
  4. Définir à partir d’un processus méthodologique validé de consensus formalisé d’experts (DELPHI), les indicateurs qui permettront d’évaluer la salutogénèse et ses effets sur la santé des femmes et des nouveau-nés.
  5. Stimuler et financer une étude épidémiologique en population, de type cohorte avec suivi à distance, qui comparerait des femmes à bas risques ayant accouché en maisons de naissance versus en maternité. Cette étude devrait évaluer cette comparaison globalement dans plusieurs domaines : efficacité des soins, sécurité des soins, aspects médico-économiques, étude qualitative sur la satisfaction des femmes et la satisfaction des soignants.

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