Accès aux soins prénatals et santé maternelle des femmes immigrées

Santé publique France vient de publier un numéro thématique du Bulletin épidémiologique hebdomadaire dédié à la santé et à l’accès aux soins des migrants. Il comprend notamment un article sur l’accès aux soins prénatals et la santé maternelle des femmes immigrées.

Résumé


(c) Sauvegrain  P, Stewart  Z, Gonthier  C, Saurel-Cubizolles  MJ, Saucedo M, Deneux-Tharaux C, et al. Accès aux soins prénatals et santé maternelle des femmes immigrées. Bull Epidémiol Hebd. 2017;(19-20):389-95

Introduction

En France en 2015, 22% des naissances vivantes concernaient des femmes nées à l’étranger. En adéquation avec la littérature européenne, de récentes recherches font état d’un risque accru de mort maternelle ou de morbidité maternelle sévère (MMS) pour ces femmes. Notre objectif est d’analyser, en lien avec le statut migratoire, les inégalités sociales d’accès aux soins prénatals et de santé maternelle à partir de données françaises.

Matériel et méthodes

Les données sont issues de quatre études françaises : l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM) 2007-2012, l’étude Epimoms de la morbidité maternelle sévère menée dans six régions en 2012-2013, la cohorte prospective PreCARE des femmes ayant accouché en 2010-2011 au sein de quatre maternités du GHU Paris-Nord et une étude qualitative menée en 2016 auprès de femmes enceintes hypertendues.

Résultats

Les femmes immigrées présentent un risque accru de décès maternel, en particulier celles nées en Afrique subsaharienne (RR: 3,4 [IC95%: 2,3-5,1]). Ces dernières présentent également un risque significativement plus important de MMS (OR ajusté : 1,8 [1,4-2,4]) portant majoritairement sur les complications hypertensives et les sepsis. Ces travaux mettent de plus en évidence un taux de suivi prénatal inadéquat très élevé ainsi que certains soins différenciés pour les femmes nées en Afrique subsaharienne.

Conclusion

Les données françaises, qui montrent l’existence d’inégalités sociales de santé maternelle entre femmes immigrées et femmes nées en France, sont convergentes avec les données de la littérature internationale. L’hypothèse explicative de soins prénatals quantitativement et qualitativement moindres est de plus étayée par ces résultats. Ceux-ci soulignent la nécessité de poursuivre les recherches concernant les barrières à l’accès au système de soins et aux soins de qualité des femmes immigrées enceintes, et en particulier les implications que peuvent avoir les représentations et les discriminations dans la genèse des inégalités de santé maternelle et périnatale.

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BEH n°19-20 – 5 septembre 2017